Petite chambre pour les désespérés seulement s’inscrit dans une recherche sur l’écoute acousmatique, l’intimité et la voix. Elle a fait suite à Petite chambre pour voix mixtes, une installation sonore vivante créée à la Nuit Blanche de Montréal en mars 2014. Cette nouvelle petite chambre était consacrée au recueil de René Lapierre Pour les désespérés seulement, paru aux Herbes rouges.
Pour les désespérés seulement est un livre d’espoir. C’est par conséquent un livre politique, qui veut redonner aux désespérés que nous sommes l’espoir de résister, de dire non aux violences, aux injustices, et aux secrets qui les perpétuent. À cause de cela ce livre est aussi un livre d’amour, et de rétablissement du lien. À partir d’un manuel de botanique québécois publié en 1931, ce recueil veut reconnaître une dette par rapport au territoire, au bien commun, à la parole, à la pensée, et par là protéger tout ce qui vit et désire, et qui souffre en chacun de nous d’être quotidiennement malmené par la tromperie politique, la violence économique, et la complaisance ou le silence médiatique.
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La petite chambre pour les désespérés seulement, campée dans la galerie l’Aire Libre du 20 mars au 1er mai 2014, était une installation faite de lycra tendu sur structure de bois. Un petit couloir débouchait sur une toute petite pièce, simplement meublée d’une chaise, d’une bibliothèque presque vide et d’une lampe (voir photos). Le visiteur solitaire s’asseyait. Et alors une lecture lui était faite, toute proche, intime, d’une section du recueil de René Lapierre. Les haut-parleurs disposés au ras des murs de tissu permettaient un effet présence acoustique apaisant, réconfortant. Sur la bibliothèque, un unique livre : le Flore-Manuel de la province de Québec, du frère Marie-Victorin. Ainsi, le livre qui traverse le recueil de René Lapierre se trouve entre les mains du visiteur, lui offre ses gravures complexes et raffinées.
Lorsque le visiteur se levait, les voix se taisaient. Elles n’étaient là que pour lui.
Voix : Gabrielle Giasson-Dulude, Maxime Galand, Mélanie Landreville, René Lapierre, Camille Readman Prud’homme et Suzanne Vallières-Nollet.